Débat: que regardez-vous en premier sur une image?

Tout est dans le titre...
Qu'est-ce qui fait que vous trouvez une photographie "belle", qu'est-ce qui fait selon vous qu'elle vous touche plus qu'une autre? Quels sont les facteurs principaux qui entrent en ligne de compte? (La nature du sujet, sa mise en scène, le travail de valorisation du sujet par le photographe, etc...)

Bonsoir

Je suis d’abord saisie par la lumière et les couleurs, vraiment en tout premier lieu. C’est ce qui fait que pour moi un cliche est plat ou ne l’est pas. Avant tout probleme de nettete ou de perfection d’ambiance, de cadrage . Le premier choc esthetique est immediat, m’arrête ou ne m’arrête pas. Puis ,c’est la répartition des volumes, des ombres, l’angle de prise de vue, la perspective, et l’arriere plan. L’originalite du cliche en fait se trouve pour moi dans le traitement de ces elements, pas dans le sujet en soi en terme de rarete ou de spectaculaire ;

Je suis tres sensible au noir et blanc dont je trouve le traitement tres difficile, d’où ma reference a jean michel Berts qui est pour moi un maitre en la matière, qui donne a la fois densité et nuance. Et sait gerer les volumes ce qui est rare. Je trouve personnellement que l’exigence de netteté et de détails en photo animalière a tendance à écraser l’animal, à le chosifier la ou je prefere une mise en scene du mouvement et de la texture des plumes ou du pelage….voila !

Amicalement

L ambiance

en général, ce qui me fait apprécier une image est un point fort mis en valeur par le reste de la photo...

ce point fort me plait par la beautée du sujet, la composition de l'image qui fait regarder ce point fort naturellement (par exemple lignes convergentes vers ce point) ou la facon dont ce point fort resort (faible PDC...).

dans le cas des photos animalières, j'aprécie également le fait de voir des expressions, des positions des bestioles, de deviner l'environnement dans lequel cet animal vit, sans que cet environnement ne détourne trop le regard du sujet principal...

après il y a toujours des exceptions, avec des images aux couleurs agréables, ou le regard aprécie se balader pour découvrir divers petits détails...

ces quelques reflexions, sont valable pour la photo de nature, après ce n'est pas forcément les mêmes critères dans d'autres domaines...

MMmmmmmm dur à dire parceque plein de choses me viennent en même temps.

Déjà voir l'animal, qu'il soit net, ou en flou esthétique, mais qu'il y ait une certain qualité.
Après il y a beaucoup de choses, suivant la pose une photo m'impressionneras plus qu'une autre, suivant le sujet aussi (Si c'est un ours dans son milieu naturel comparé à une mouche par exemple).
Et après c'est un tout, les couleurs, la lumière, le cadrage, le bokeh, si il y a des éléments gênant ou pas, etc...

bonne question...

pour que je trouve belle une photo il faut qu'elle dégage un quelque chose qui fasse courrir mon imaginaire, qu'elle "ouvre", qu'elle ne soit pas qu'un truc en 2D, ni même en 3, mais une sorte d'hypercube qui m'emporte ailleurs... difficile à définir en terme de technique donc.

il en va de même en amitié ou en amour, difficile d'expliquer, être simplement...

C'est vrai que le "recul" à avoir sur soi pour expliquer un "jugement" sur une image est loin d'être évident, et c'est par ailleurs selon moi un des exercices les plus délicats de l'apprentissage de la photographie. Même si nous avons tous un "ressenti" différent, il est je pense très important de le comprendre non pas pour seulement apprécier, juger, etc, mais aussi pour exercer son œil et en tirer un enseignement utilisable dans sa propre recherche d'expression. Je me souviens encore d'un exercice de style qui m'a été proposé dans le cadre d'une formation et qui consistait à 1- choisir la plus belle image selon moi (quelle qu'elle soit) 2-expliquer pourquoi je la trouvais "au dessus" des autres et 3- à estimer ce en quoi elle était améliorable. Ceci dit, bien sûr, cela ne dispense pas de fonctionner au premier degré en savourant juste une image, sans se poser de question (le plaisir est plus que légitime).

En toute honnêteté, en ce qui me concerne, il y a tout d'abord (ou disons plutôt "au premier degré") la nature du sujet traité qui intervient, son rapport intrinsèque et "intime" avec moi-même, et qui fait que je vais m'attarder sur une image ou non de façon intuitive. C'est un premier pas acquis d'office (ou non) qui fera que l'image me séduira (ou non!) au delà de toute forme d'analyse technique. Ensuite il y a la valorisation de ce sujet, donc le recours à la "technique" en tant que langage photographique pour mettre ce sujet dans un contexte bien précis, et là je suis ouvert à toute proposition (lignes, courbes, lumière, ombres, couleurs, N&B, grain, flou, cadrage, etc... même si je reste naturellement plus sensible à tout ce qui induira une harmonie, un équilibre au sein de l'image, et plus que tout une douceur). C'est le champ de perception je pense le plus pragmatique, objectif et discutable. Mine de rien ce point est très important car il stigmatise la recherche de l'auteur quant à s'approprier son sujet, à y inclure une démarche qui lui est propre (point de départ, point d'arrivée, et entre les deux: une forme d'interprétation propre à celui qui a vécu l'instant). Il est l'outil mis à sa disposition pour donner vie au sujet en fonction de ce qu'il ressent aussi bien sur le moment (à la prise de vue) qu'à postériori (post-traiter une image, c'est l'optimiser, ce qui induit un point de départ et un point d'arrivée là encore, et propre à l'auteur). Du bon usage de cette "palette" dépend la valorisation d'un sujet à l'origine séduisant, et parfois même celle d'un sujet qui n'avait rien pour séduire, mais aussi la juste représentation de ce que l'auteur voulait montrer. A l'inverse, le mauvais usage de cette palette peut déprécier un sujet qui était pourtant à l'origine séduisant et attirant, autant que l'intention de l'auteur. Et tout à coup, on s'aperçoit que le sujet en lui-même est devenu plus secondaire...

A partir de là, je me dis que le ressenti face au sujet est purement affaire de goût, parfois de surprise quand l'auteur l'aura sorti de ses clivages habituels (pour soi), mais que celui lié à la démarche de l'auteur reste toujours discutable pourvu que l'on ne se trompe pas de cible. En effet, en dépit du fait que lignes et courbes, lumières et couleurs, puissent être optimisées en un "idéal technique" maitrisable (la discussion et le jugement étant: est-ce le cas?), il reste toujours derrière une volonté humaine qui a animé ces outils pour transcrire chez le spectateur un ressenti bien particulier, et au même titre que certains sujets touchent et d'autres non, je pense qu'il y a certaines intentions qui touchent, et d'autres non... Du coup aussi sûr qu'il serait déplacé de juger une photo pour son sujet (en dehors de la notion de respect), je pense qu'il serait mal placé de juger une image pour l'intention de l'auteur. C'est peut-être d'ailleurs pour cela que la cohorte des forums photo se concentrent sur des considérations techniques, les seules pouvant prêter à débat et avis, tant le reste de ce qui compose l'image est affaire d'intimité entre un auteur et chaque spectateur... Mais bon je m'égare! ^^

Pour moi, ce qui me touche de prime abord est bien évidemment l'ambiance globale, le message de l'auteur, et ensuite le sujet en lui-même. En dernier lieu il y aura la technique, même si c'est bien souvent seulement ce dernier point qui fera l'objet de discussions, tant les deux premiers sont intimes et peu propices aux "mots", justifiant finalement l'intérêt même de l'image, c'est à dire aller au delà des mots pour véhiculer de la pure émotion...

Cette démarche est rare en photo nature, tant le figuratif absolu est élevé je pense au rang d'idéal (cf le naturalisme et ses règles), avec le piège lié à la technique qui se cache derrière... Mais bon, cela ne fait que donner plus de valeur aux "marginaux" du genre, de plus en plus nombreux, qui prennent le temps de réconcilier le vivant et l'art en ayant en tête comme idéal certes une maitrise de la technique, mais aussi un bon usage de celle-ci pour rappeler que le vivant... vit! Et c'est ça qui me touche tout particulièrement.

Vaste débat, question très difficile mine de rien.

Je vais quelque peu me contredire mais bon, en général j'ai souvent du mal à apprécier mes images même si je pense qu'une de mes images me fera plus vibrer car elle me parlera plus, je connais son histoire et je sais le boulot qu'il y aura eu derrière, parfois cette image aura été le théatre de bien des péripéties.

Maintenant je sais aussi m'extasier devant une photo de quelqu'un qui m'est totalement inconnu, par le sujet, la dynamique du sujet dans l'image, les couleurs, l'ambiance du paysage...et la technique utilisée quand elle est expliquée, par exemple je suis toujours en admiration par les photos de papillons ou de chauve souris au vol, probablement à cause de la technique de barrière infra rouge que je ne connais pas et donc ne maitrise pas.

Voilà en gros ce que je regarde, par contre la compo et les règles....je m'en tamponne, d'ailleur j'utilise surtout le collimateur central....et je recadre ensuite en post traitement pour faire plaisir à ceux qui ne jure que par ça

lefred a écrit:

Je vais quelque peu me contredire mais bon, en général j'ai souvent du mal à apprécier mes images même si je pense qu'une de mes images me fera plus vibrer car elle me parlera plus, je connais son histoire et je sais le boulot qu'il y aura eu derrière, parfois cette image aura été le théatre de bien des péripéties.

C'est bien vrai, ca rejoins aussi ce qu'a dit David sur le cotés intime de la photo par rapport à l'auteur. C'est vrai que quand je revoit mes photos, je me revoit au moment ou elle a été prise.
J'oubliais une chose aussi, l'originalité. En macro par exemple, je revoit très très souvent les même chose, donc même si elles sont techniquement irréprochables, je ne voit souvent que des clones, donc je passe très rapidement dessus (par exemple un Calopteryx virgo de profil sur une feuille verte avec bokeh dans les tons, c'est bien la photo que tous les macroteur ont fait )

Bonsoir

Il y a aussi comme dans tout ce que l’on fait, une distance évidente entre l’intention du photographe et la réceptivité de celui qui regarde. Et il suffit de peu de choses à cet égard, une lumière plus ou moins présente, une saturation des teintes ; je me suis amusée ainsi un jour à faire quatre photos du même objet, dans le même angle d eprise, (un chandelier de verre devant une draperie) en jouant sur les couleurs et lumiere, et sur le noir et blanc. Les reactions a ces photos ont été diverses, certains sensibles au cote cocon et a priori luxueux de l’objet, d’autres ressentant une atmosphère confinée, angoissante, voire dérangeante, c’est tout le côté un peu alchimique de la chose et dont les pro doivent certainement maitriser le paramétrage….la photo paysagère et animalière n’échappant pas à ces interprétations possibles…

Ce que je regarde en premier est en fait ce que je ressens : l'émotion. Le reste pour moi relève presque du détail... Une photo peut être techniquement mauvaise, mais si y'a ce truc qui passe, alors c'est bon, c'est une photo qui marche ! Mais bon, c'est un critère super subjectif.

Après viennent le cadrage et la lumière (au même niveau).