Parmi les endroits où, en cette époque, l'on trouve pas mal d'amphibiens, il y a les sous-bois, à condition que leur profil permette la présence de petites cuvettes inondables où, de la fin de l'automne jusqu'au printemps, il restera suffisamment d'eau pour permettre le développement des larves.
Une mare typique (en à sec uniquement au plus fort de l'été) de sous-bois de conifères.
Pourquoi les amphibiens préfèrent ces mares qui s'assèchent? Tout simplement parce qu'on y trouve pas de prédateurs aquatiques, en tête venant les poissons...
Au tout début de l'hiver, ce sont les salamandres qui viendront mettre bas dans ces endroits leurs larves, juste avant d'hiberner. Les bébés évolueront petit à petit dans ces milieux jusqu'au printemps, puis quitteront l'eau pour rejoindre l'humus des forêts humides...
Comment distinguer une larve de salamandre d'une larve de triton??? Par la base des pattes qui possède une tache claire chez la salamandre et pas chez le triton. La larve ici représentée est quasi en fin de cycle aquatique: sa pigmentation jadis uniforme commence à jaunir et à se ponctuer de noir, petit à petit les branchies vont disparaitre.
Exclusivement aquatiques, les larves de salamandres sont munies de branchies et pas encore de poumons.
Comme la plupart des urodèles, les larves de salamandre sont incroyablement voraces et se jettent sans complexe sur tout ce qui bouge!
Une fois adulte, la salamandre colonisera le sous-bois environnant. Contrairement à la plupart des autres urodèles de France, la salamandre est un animal dont les populations se portent plutôt bien. Cela s'explique par sa formidable capacité à pouvoir se reproduire dans toute sorte de trous d'eau, propre ou non, stagnante ou non... Un simple fossé humide peut lui suffire, tout comme la moindre flaque pourvu qu'elle reste suffisamment longtemps en eau... Attention! Cela ne signifie pas pour autant que cette espèce ne souffre d'aucune sorte d'atteinte! Le déboisement lui fait localement beaucoup de mal, tout comme les abus de pesticides qui détruisent les insectes et gastéropodes dont il se nourrit. Autre problème majeur: les atteintes à ces animaux durant leurs migrations sur les routes très passagères... Ce sont en effet parfois de véritables hécatombes qui ont lieu sur les routes!
Typiquement nocturne, la salamandre terrestre se cache le jour dans les racines, sous les tas de bois, sous les pierres, ou dans les fissures de façades rocheuses.
Le meilleur moment pour l'observer: en soirée et en début de nuit: quand elle se met en chasse. Dès la mi février, à la faveur des premières nuits humides et douces (>4°C), elle est active, et ce jusqu'en décembre, période de mise-bas où, pour assurer la survie de ses larves, elle peut sans complexe affronter des températures plus que rudes (elle n'a aucun complexe à rejoindre les sites de mise-bas, même si tout est sous la neige!)
Revenons à notre mois de février... Dans nos sous-bois, il n'y a pas que les mares qui soient appréciées des amphibiens, il y a aussi d'autres lieux moins prévisibles comme les ornières de chemin ou les espaces ouverts et inondés. La plupart du temps, ces endroits ne sont en eau que durant un laps de temps très court, mais ils conviennent néanmoins parfaitement à certaines espèces d'anoures de début de saison comme le crapaud commun, la grenouille rousse ou la grenouille agile.
Le crapaud commuin est un animal très ubiquiste, actif dès janvier à la faveur des premières nuits humides. Il migre alors de ses aires d"hibernation vers les abords des zones de reproduction (migration prénuptiales). Ces migrations peuvent être massives, et il n'est pas rare de trouver des routes littéralement tapissées d'amphibiens! Plus tard, en mars généralement, le crapaud rejoindra les zones humides où il a vu le jour (un vrai saumon! lol ) pour s'y reproduire. Il préfère les eaux peu profondes, et c'est pourquoi ornières et petites zones inondées lui conviennent bien.
Pendant ce temps, d'autres espèces s'activent, comme la grenouille agile. Elles se rendent très rapidement en février sur les mares où elles se reproduiront dès qu'un léger redoux se ferra sentir.
Ces grenouilles sont elles aussi très ubiquistes, et se reproduisent sans complexe dans des mares, des prés inondés, ou de simples ornières de chemins...
Comme c'est très souvent le cas pour la plupart des reptiles et des amphibiens, une mue s'opère dès la sortie de l'hibernation à la faveur des premiers repas de l'année et de températures clémentes. Cette mue est très rapide, aquatique, et très souvent consommée par les amphibiens, en particulier les tritons.
Un amplexus: le mâle chevauche sa dulcinée et la stimule pour pondre. Au fur et à mesure le mâle fécondera l'amas d'œufs produit.
Petit ballet aquatique! C'est beau l'amour! lol