Printemps 1990. Découverte des États-Unis lors d'un voyage scolaire mais surtout séjour dans une famille dont le père était un fondu de "bass fly fishing". En fallait-il plus pour passer de bonnes vacances?! ^^ Perdu dans les petits lacs de Virginie, près de Norfolk, j'ai donc ainsi été initié au maniement du fouet et des mouches à carna. Et quel délire! De temps en temps des blue gills, sorte de petites perches soleils, de minuscules snake heads et surtout des bass, des tonnes et des tonnes de bass...
Halluciné d'avoir eu la chance d'ainsi m'éclater, que pouvais-je faire d'autre que de tenter de renouer avec ces sensations une fois de retour en France? J'ai donc investi dans une petite Shimano symetre, une soie, et roule ma poule avec les quelques popper ramenés des états-unis.
Mais bientôt, je découvris que les bass à la française étaient pour le moins à la ramasse derrière les poissons gonflés aux hormones made in USA... Et encore, je ne devrais pas trop me plaindre car à l'époque des bass sur le domaine public, fallait déjà les trouver!!! Du coup, par manque de captures et de belles captures surtout, je décidais de tenter ma chance sur nos bons vieux esox à grand coup de streamer faits maison.
Ah là là... Quel plaisir de contourner en moults petits plans d'eau la législation qui parfois interdisait la pêche à la cuillère et à la dandine, mais pas la pêche à la mouche! Et oui! J'aimais bien rendre chèvre les gardes à l'époque...
1998. Les années ont passées, les belles libertés de l'adolescence ont cédée la place aux contraintes du jeune adulte que j'étais devenu, un adulte qui n'avait plus le temps d'aller moucher à sa guise... La canne à la mouche était au placard, certes, mais une autre l'avait remplacer dans le coffre de la voiture (ben quoi... vous avez pas votre matos de pêche en continue dans votre coffre vous?). Me voici dans mon époque "ultra léger", avec à nouveau en tête mes vieux rêves de bass.
A l'époque, la galère n'était pas de trouver cannes et moulins, mais bel et bien des leurres qui tenaient la route dans des petits grammages! Deux alternatives: commande US ou exploiter des leurres dédiés à d'autres pêches, comme celle du bar! Et c'est ainsi que j'ai découvert les petits poppers à bar Rorqual, qui aujourd'hui n'existent plus (Pfff...)
ça c'était des poppers! Pas cher du tout, petits et légers, mais qui claquaient au poil!!! C'est là dessus que j'ai renoué avec les blacks par chez moi, et en particulier (ENFIN!) les gros! A cette époque personne ne traquait le black dans le 44, certains les balançaient même au fossé en les prenant pour des perches soleil (si si!). C'était la belle époque où les après midi à 30 ou 40 poissons étaient assez courantes, avec de temps à autre (lors des frénésies alimentaires) quelques gros qui se laissaient leurrer. C'est d'ailleurs en 2000 que j'ai touché mes premiers bass à plus de 2kg...
Les années qui ont suivi il a fallu ruser, car saison après saison, ils devenaient de plus en plus malins, de plus en plus affutés, et refusaient en bloc tout leurre qu'ils connaissaient déjà pour s'être fait avoir plus jeunes... C'était l'époque où la pression de pêche a commencé à s'accentuer sur ce poisson, et donc celle où parfois les boites à leurre au grand complet y passaient sans voir la moindre écaille briller au sec! Certains jours, sur certains secteurs jadis très productifs mais devenus bien plus durs, il était même possible de voir les mâles garder les nid mais avec une agressivité "contrôlée", retenue, comme réservée aux VRAIS dangers, et non plus aux moindres leurres passant à proximité (il y en a qui ont déjà observé cela?)
Les petits sticks baits, ultra rares sur le marché à l'époque, ont eu leur époque de gloire. Je ne les sors plus aujourd'hui que sur les eaux vierges ou durant les phases de grande activité du poisson, comme les poppers d'ailleurs! Quoique des fois c'est amusant de s'éclater sur de la perche ou du chevesne (j'ai aussi d'ailleurs eu de très bons résultats sur le brochet en tout début de saison, juste au dessus des herbiers naissant).
Petit à petit certaines marques ont commencé à inonder le marché français comme Lucky et plus tard Illex... Les Poissons nageurs sont devenus de vrais trésors de finition et de mécanique, à des prix totalement prohibitifs... Mieux valait se fournir aux États-unis via internet. J'ai pourtant eu ma petite période "craquage" à grand coup de flash minnow, de humpback et de CB en tout genre... Il y en a eu de secoué du poisson avec ces machins hors de prix, hein Yann! ^^
Les seuls avec lesquels je ne me suis jamais entendu ce sont les cranck... Allez savoir pourquoi. J'ai jamais fait ni bec, ni bass là dessus. Des chevesnes oui, même de la truite (!), mais c'est tout. Bizarre non?
Tandis que la foule des amateurs de carna aux leurres a enflé comme un crapaud sur lequel on aurait fumé, de nouveaux leurres ont commencé à faire leur apparition, les spinner et plus tard les buzz bait. Je me souviens, personne n'y croyait! En même temps les premiers disponibles l'étaient à des tailles de fou! Même les carrangues aux Seychelles n'en auraient pas voulu! ^^ Et là encore, pour se fournir dans des dimensions raisonnables, vive internet et les USA! lol
La maitrise de ces machins là n'a pas été facile... Faut dire qu'on les sortait pas souvent vu le manque de confiance que l'on avait en eux... Et puis un beau jour, face à des brochets récalcitrants, surprise... De capot général on est passé à carton phénoménal! Comme quoi... Depuis inutile de me demander ce que j'utilise en toute début de saison, c'est réglé comme une horloge! lol
Et les leurres souples là dedans? Et bien... Je dirais... MY-THIQUE!!! Y'a un peu de tout sur le marché c'est sûr, du bon et beaucoup de pas bon du tout, mais s'il est question de chatouiller les amygdales de mes amis bass, ces machins gélatineux correctement utilisés ont très largement ma préférence...
Là voilà l'arme suprême, la "lethal weapon", mon "mel gibson" de la pêche du black-bass: une foutue écrevisse à pas cher montée en weightless... Bas de ligne en fluo (pas en tresse, je suis convaincu que les bass bien éduqués, dans les eaux claires, les détecte très bien) et un bon 3/0 fin de fer logé dedans. ça passe partout, la portance sur l'eau est telle (sur les modèles pas boudinés ni trop lourds) qu'ils descendent lentement jusqu'au fond, au milieu des herbiers, ou qu'ils peuvent se manier lentement entre les talles de nénuphars, l'air de rien, appétissante et irrésistible créature!!! ^^ Que ce soit en les maniant (dans les endroits pas trop encombrés d'herbiers quand même), ou en les laissant couler lentement près d'un bass ultra méfiant mais malgré tout en chasse, ça fait mouche! Hein Yann! ^^
Deuxième arme fatales, complémentaire à la première: le worm lui aussi en weightless. Même combat! Sauf que lui passe mieux dans la végétation super dense, vous savez, là où jamais personne ne trempe un fil ou un hameçon tellement ça sent la casse assurée, c'est à dire là où les fish se sentent en sécurité et vivent peinards... Pareil: faut des worms plutôt légers et pas boudinés, qui coulent très lentement ou plutôt qui tiennent bien la surface afin de faire gigoter d'une feuille de nénu à l'autre par exemple... Ha la la... Quel pied de voir un beau lunker exploser la surface pour le dégommer d'une galette qui le gène!
Par contre, ne me demandez pas de me la jouer texan, tout ce qu'un leurre souple plombé et animé au fond m'a rapporté, c'est du poisson chat...
Enfin voilà quoi, ma petite vie de pêchaillou du dimanche qui, lors d'un séjour scolaire linguistique n'a retenu que des nom de matos de pêche made in US, ainsi que celui d'un poisson mythique qui depuis n'aura jamais cessé de le hanter (parmi tant d'autres... ^^ ). Et vous? Si vous nous racontiez un peu vos anecdotes de pêcheur, votre passion pour telle ou telle espèce, et vos souvenirs...